C'est quoi, le "peau à peau"?

c'est quoi, le peau à peau

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À l'occasion de la journée de la prématurité, le 17 novembre, le Professeur Cyril Flamant évoque le portage en "peau à peau" et ses bienfaits, en particulier pour les bébés prématurés.

Porter son bébé tout contre soi, c’est l’une des joies auxquelles peuvent goûter les jeunes parents. Or, cette pratique est bien plus qu’un câlin : elle a un véritable intérêt pour la santé. « Le fameux Kangaroo Care, ou peau à peau, est d’abord né dans les pays en voie de développement où l’on s’est vite rendu compte de l’intérêt pour le tout petit d’être tout près de ses parents », explique le Pr Cyril Flamand, chef du service de réanimation et médecine néonatale au CHU de Nantes (Loire-Atlantique) et membre de la Commission scientifique de la Société française de néonatologie (SFN). « On voit bien, lors d’une séance à l’hôpital, l’intérêt physique pour l’enfant, les paramètres vitaux qui s’améliorent, la fréquence cardiaque… On voit aussi que l’allaitement maternel, favorisé par ce peau à peau, améliore le pronostic de l’enfant à 2 ans et à 5 ans », détaille le professeur, interrogé lors d’un atelier virtuel organisé par SOS Préma et la société Vygon.

"Remettre les parents au coeur de leur parentalité"

Dans le cas des bébés nés prématurément, la pratique du peau à peau est particulièrement intéressante : « On constate également que ce rapprochement physique parent-enfant a des impacts positifs sur le plan psychologique en remettant les parents au cœur de leur parentalité et en les aidant à ne pas se sentir dépossédés de cet enfant qui est dans cette boite, cet incubateur », ajoute Cyril Flamant. Ainsi, la SFN recommande la pratique du peau à peau le plus souvent et le plus tôt possible. En pratique, pour être efficace, une séance avec un bébé prématuré dure au moins une heure, le temps de s’installer bien confortablement malgré les machines, les tuyaux et autres capteurs. 

Une approche globale

Cette « méthode kangourou » n’est pas récente : elle est née en 1978 à Bogota, en Colombie.

Des médecins développèrent cette pratique comme une alternative aux incubateurs pour les nouveau-nés prématurés ou de faible poids de naissance, pour tenter de faire baisser la mortalité, les infections... Au début, elle concernait seulement les mères, qui devaient porter leur bébé 24 heures sur 24 dans une poche ventrale. Cet incubateur naturel maintenait notamment chez le tout-petit une température constante.

Par la suite, de nombreux travaux de recherche ont démontré les bienfaits multiples de la méthode kangourou. Si bien que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en a reconnu l’intérêt et même produit, en 2004, un guide pratique recommandant cette méthode dans les soins apportés aux nourrissons, prématurés ou même aux enfants nés à terme. Les études ont par ailleurs montré les bienfaits du Kangaroo Care y compris lorsque le kangourou est… le papa.

Aujourd’hui, dans les services de néonatologie partout dans le monde, les pères comme les mères pratiquent le peau à peau. Il fait partie des « soins du développement », une approche qui intègre la famille pour réduire le stress chez les bébés prématurés. Lorsque ce dernier n’est plus à risque, cette pratique de peau à peau peut être poursuivie, en lui associant par exemple des temps de massage avec des produits de soin spécialement formulés pour les plus petits. 

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