Attention à la coqueluche !

Attention à la coqueluche !
Cette infection respiratoire bactérienne connaît une recrudescence en Europe. Les autorités sanitaires appellent à la vigilance.

La coqueluche a longtemps été une des principales causes de mortalité infantile, même si la généralisation de la vaccination a entraîné une chute importante du nombre de cas depuis les années 1960. Causée par une bactérie appelée Bordetella pertussis, elle provoque des quintes de toux caractéristiques qui persistent sans que le malade ne présente plus de fièvre. Elles sont tellement fortes qu’elles peuvent entrainer des vomissements et une altération de l’état général. Cette maladie, très contagieuse, continue de circuler. L’une des principales raisons de sa persistance est que contrairement à de nombreuses maladies infantiles, il est possible de la contracter plusieurs fois. En outre, si le vaccin est efficace, l’immunité qu’il confère ne dure qu’une dizaine d’années.

Vaccination obligatoire pour les nourrissons et l’entourage

En France, la vaccination contre la coqueluche est obligatoire pour les nourrissons nés à compter du 1er janvier 2018, et était recommandée chez ceux nés avant cette date. Le schéma vaccinal est d’une injection à l’âge de 2 mois et une autre à 4 mois, puis un rappel à 11 mois. Viennent ensuite des rappels à 6, 11 et 13 ans. La vaccination contre la coqueluche est généralement combinée chez les bébés avec celles contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la méningite à Haemophilus influenzae B et l’hépatite B. Puis, chez l’adulte, un rappel est prévu à l’âge de 25 ans, avec un rattrapage pouvant être proposé jusqu’à l’âge de 39 ans révolus.

La coqueluche se manifeste essentiellement par des quintes de toux, et présente des risques de complications -déshydratation, complications pulmonaires et neurologiques- surtout chez le nourrisson de moins de 6 mois, non encore protégé par la vaccination. Jusqu’ici, globalement, la coqueluche était redevenue une infection du jeune adulte, qui la contractait faute de rappels de vaccins.

Or, les adultes malades peuvent facilement transmettre la maladie aux petits nourrissons non encore protégés par la toux ou les postillons. C’est pourquoi le calendrier vaccinal a été adapté, avec une vaccination des nourrissons obligatoire. Et qu’elle est désormais recommandée à tous les adultes ayant un projet parental, et aux femmes enceinte à partir du 2e trimestre de grossesse (et renouvelée à chacune). La fameuse « vaccination en cocon » de l’entourage du bébé est de rigueur : fratrie, conjoint et toute personne amenée à être en contact étroit avec le bébé durant ses 6 premiers mois (grands-parents, baby-sitters).

Une reprise de la circulation en France

Pour autant, la coqueluche commence à recirculer en France, ce qui s’explique notamment par le fait que cette maladie évolue par cycles de recrudescence tous les 3 à 5 ans. En France, il existe un réseau hospitalier de surveillance de la coqueluche chez les nourrissons hospitalisés de moins de 12 mois, RENACOQ. Il pointe 6 pics épidémiques ces dernières années, notamment en 2012-2013 et 2017-2018. Depuis le dernier pic (162 cas), le nombre de cas est descendu à 34 en 2020 et 4 en 2021.

Un rebond de la maladie aurait pu être attendu en 2021-2022, mais les mesures sanitaires mises en place contre la pandémie de Covid-19 ont vraisemblablement réduit la transmission. Et c’est aujourd’hui que la coqueluche revient. Ainsi, les données publiées le 18 avril 2024 par Santé Publique France indiquent une reprise de la circulation ces derniers mois en France hexagonale. Le réseau RENACOQ rapportait 45 cas en 2022, et 39 en 2023.

Le problème des cas groupés

Concernant les cas groupés, seuls deux clusters ont été rapportés en 2023 entre octobre et décembre, totalisant 18 cas, en Ile-de-France. Il s’agissait de cas groupés intrafamiliaux (13 cas), de clusters en collectivités (4 cas) et un dernier cas isolé. Puis, au 1er trimestre 2024, une quinzaine de clusters ont été répertoriés, majoritairement en collectivité (écoles maternelles, primaires, garderies et maisons maternelles) mais aussi familiaux, totalisant 70 cas signalés à Santé Publique France.

Même si la situation française n’est pas comparable à celle de nos voisins européens et outre-Atlantique, qui rapportent, eux, plusieurs centaines de cas par semaine depuis le dernier trimestre 2023, « la multiplication du nombre de cas par rapport à 2023 et les remontées de cas groupés indiquent une reprise de la circulation de la bactérie en communautaire qui pourrait s’intensifier dans les prochains mois », prévient Santé Publique France, appelant à « renforcer la sensibilisation de la population à cette maladie et à ses modalités de prévention ». En l’occurrence, bien évidemment, la vaccination, et aussi le signalement des cas groupés (à partir de 2) à l’Agence régionale de santé (ARS), même si la coqueluche n’est pas une maladie à déclaration obligatoire à proprement parler. Ces signalement permettent de mettre en place immédiatement des mesures d’évitement et des antibiothérapies efficaces dès confirmation biologique des cas. Et, bien sûr, de mettre à jour très rapidement la vaccination des populations exposées. Et vous, êtes-vous immunisé ?

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