Bien qu’un vaccin contre les HPV existe depuis 2006, le taux de couverture vaccinale en France est longtemps resté médiocre et fait toujours pâle figure à côté du succès de son introduction en Australie. Grâce à la mise en place d’une vaccination de masse dès 2007, le pays a annoncé être en mesure d’éliminer le cancer du col de l’utérus en 2035. Car c’est bien tout l’enjeu de ce vaccin : prévenir l’apparition d’un certain nombre de cancers – et en premier lieu du cancer du col de l’utérus – et autres verrues ano-génitales récidivantes dont le traitement est loin d’être agréable.
Les garçons aussi
La France a donc misé sur plusieurs coups de boost tant en termes d’amélioration de la prise en charge que d’élargissement du public cible. Depuis 2021, la vaccination contre les HPV n’est pas seulement recommandée chez les filles de 11 à 14 ans et en rattrapage de 15 à 19 ans, mais aussi chez les garçons sur les mêmes tranches d’âge. Un rattrapage étendu jusqu’à 26 ans chez les hommes ayant des relations avec des hommes (HSH). Une précision qui hérisse les sociétés savantes, celles-ci réclamant cette extension à toutes et tous. Dans les faits, aucune preuve d’une quelconque homosexualité ne pouvant être demandée, la prise en charge par l’Assurance maladie (à 65%) vaut pour tous les hommes jusqu’à 26 ans.
Objectif 80%
Surtout, la France a lancé une campagne de vaccination dans les collèges l’an dernier visant les élèves de 5e. Selon les derniers chiffres du ministère de la Santé, ce sont « plus de 400000 adolescents de 12 ans en 2023 [qui] ont reçu au moins une dose, en ville ou au collège, soit 48% de la classe d’âge ; c’est 17 points de plus que la génération précédente ». La couverture vaccinale dépasse enfin les 50% chez les jeunes filles (54,6%) et atteint désormais plus d’un quart des garçons. Il reste néanmoins encore du chemin à parcourir pour atteindre l’objectif de 80% d’ici à 2030.
Dans ce cadre, le gouvernement reconduit la campagne vaccinale dans les collèges depuis la rentrée de septembre et l’étend aux adolescents de 11 à 14 ans « hébergés dans les établissements ou services médico-sociaux (ESMS) d’enseignement ». L’organisation en est confiée aux agences régionales de santé (ARS). La Direction générale de la santé (DGS) précise par ailleurs que le schéma vaccinal à deux doses peut désormais être réalisé « sur une ou deux années scolaires », à un intervalle compris entre 5 et 13 mois.
Vaccination en pharmacie
A ce jour, on dénombre en France 6300 nouveaux cancers dus aux HPV chaque année, dont 3800 cancers du col de l’utérus, 1680 cancers des voies aériennes digestives supérieures (VADS), 1460 cancers de l’anus, 190 cancers de la vulve, 90 cancers du pénis, sans oublier 35 000 cas de lésions précancéreuses et 100 000 condylomes. Près d’un tiers de ces cancers HPV-induits touche des hommes. C’est dire si l’extension des compétences vaccinales des pharmaciens, qui peuvent désormais prescrire et administrer chez les 11 ans et plus, constitue un enjeu important. Les parents peuvent ainsi faire bénéficier de la vaccination leurs enfants dans les collèges ou se rendre chez un professionnel de santé de ville. Dans les deux cas, la vaccination contre les HPV n’étant pas obligatoire mais fortement recommandée, l’autorisation des deux parents est nécessaire.
