A quel moment bascule-t-on du surpoids à l’obésité ? Les Français en état d’obésité perçoivent-ils qu’ils le sont ? La réponse est non, selon une enquête diffusée lors des Journées francophones de nutrition qui se sont tenues début décembre. En effet, sur un échantillon de personnes ayant un indice de masse corporel (IMC) supérieur à 30kg/m2 (seuil auquel commence l’obésité), seulement un tiers d’entre elles se déclarent « en état d’obésité », et la moitié indique qu’elle « présente un problème de poids ». Aussi Anne-Sophie Joly, fondatrice du collectif national des Associations d’obèses (CNAO) a-t-elle alerté sur le fait que cette maladie chronique « complexe, avec 18 pathologies associées, plus le Covid », est « sous-diagnostiquée et sous prise en charge parce qu’elle n’est pas reconnue ».
Enjeu de santé publique
L’obésité concerne 18% de la population française adulte et est un véritable problème de santé publique. Cette forme sévère de surpoids découle de multiples facteurs - alimentaires, génétiques, comportementaux, sociaux - qui se mêlent et influencent le développement et la progression de la maladie. Les déséquilibres alimentaires et la sédentarité sont responsables de l’excès de masse grasse qui caractérise l’obésité. Chez l’adulte, il y a surpoids quand l’indice de masse corporelle (IMC) est égal ou supérieur à 25 kg/m2 et obésité quand l’IMC est égal ou supérieur à 30 kg/m2. L’IMC est un indicateur permettant d’évaluer la corpulence d’une personne à partir d’un ratio poids/taille.
Etonnamment, alors que les patients concernés par l’obésité ne s’identifient pas comme tels, la maladie est malgré tout « en voie de reconnaissance par la société » a souligné Anne-Sophie Joly. En effet quel que soit leur poids, les ¾ des répondants à l’enquête affirment que l’obésité est une maladie. Et 4 sur 10 sont d’accord avec le fait que surpoids et obésité induisent un risque de développer des maladies graves.
Ne pas focaliser sur les troubles associés
S’agissant de l’accompagnement médical, bien qu’il augmente avec la sévérité de l’obésité, il reste insuffisant. Seulement la moitié des personnes en état d’obésité modérée (IMC entre 30 et 34,9 kg/m2) rapportent avoir été accompagnées dans leur parcours de soins. La prise en charge des personnes en situation d’obésité massive (plus de 40 kg/m2) est meilleure, puisque 78% d’entre elles ont eu une prise en charge accompagnée. Toutefois, même pour les patients qui déclarent avoir été pris en charge, ce suivi reste inadapté dans la grande majorité des cas. Ainsi Anne-Sophie Joly a regretté que chez les patients obèses avec une ou plusieurs comorbidités (c’est-à-dire la présence d’autres troubles associés à la maladie primaire), « généralement, on va soigner la comorbidité associée mais on ne va pas soigner la source de cette comorbidité qui est l’obésité ». Elle a estimé que « le parcours de soins est encore inadapté et difficile d’accès parce qu’il n’est pas encore assez visible au sein de la société ».