Toutes les rubriques / Conseils de pharmacien / Bébés et enfants / Médecins et kinésithérapeutes alertent sur l’ostéopathie chez les bébés

Médecins et kinésithérapeutes alertent sur l’ostéopathie chez les bébés

Médecins et kinésithérapeutes alertent sur l’ostéo

Par dikushin

L’Académie de médecine et l’Ordre des kinés dénoncent des pratiques non prouvées scientifiquement et coûteuses.

Les représentants de deux professions de santé appellent les autorités à la vigilance (et par la même occasion les jeunes parents) sur des pratiques particulières, baptisées « ostéopathie viscérale et crânienne » chez le nourrisson. Selon ces experts, ce type de prise en charge fait l’objet d’une « multiplication des annonces publicitaires, y compris au sein des maternités, qui aboutit à une offre croissante de ces pratiques coûteuses ». Le communiqué de l’Académie de médecine fait d’ailleurs remarquer qu’il ne s’agit pas d’une prestation pouvant être prise en charge par la Sécurité sociale, ce qui contribue .
Dans leur communiqué en date du 3 décembre, les membres de l’institution expliquent : « Les pratiques d’ostéopathie, qualifiées de viscérales et crâniennes, sont proposées aux parents pour leur nouveau-né, souvent accompagnées de nombreuses allégations de santé, pour des symptômes aussi banals que des tétées difficiles, des pleurs nocturnes, une constipation, des coliques, un ballonnement, un ronflement, une anxiété ou des otite… » Pourtant, insistent-ils, « les arguments employés, destinés à justifier ces pratiques, reposent sur des affirmations non ou trop peu étayées par des études conformes aux normes en vigueur et par des évaluations objectives et scientifiques de leur efficacité et leur sécurité. »


Une cible facile

L’Académie de médecine souligne que la population des nouveau-nés est « particulièrement fragile », et que les parents sont souvent « séduits par les pratiques alternatives non médicales ni médicamenteuses ». Mais elle enfonce le clou et évoque, dans le cas de l’ostéopathie, une pratique « sans fondement scientifique avéré, et d’efficacité et de sécurité non démontrées ». Elle invite à « une évaluation objective de ces pratiques au regard des revendications formulées ». Et elle souhaite, « à l’instar des recommandations de l’Igas dans son rapport de 2021, que la qualité de la formation à ces pratiques (…) soit renforcée et évaluée de façon objective par des spécialistes médicaux et chirurgicaux de la périnatalité », et aussi qu’ « une surveillance des événements indésirables » liée à ces pratiques chez le nouveau-né soit mise en place.


Les kinés sur la même longueur d’onde

Par ailleurs, dans un autre communiqué publié le lendemain, l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes (Cnomk) « salue la prise de position de l’Académie nationale de médecine » qui, dit-il, « rejoint les préoccupations exprimées depuis longtemps [par ses soins] concernant ces pratiques non fondées scientifiquement ». Et de poursuivre : « Depuis des années, l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes dénonce les orientations, parfois systématiques, de nouveau-nés dans des établissements de santé vers des séances d’ostéopathie, alors même que ces pratiques n’ont jamais fait l’objet de preuves d’efficacité validées par la science », estiment les représentants de cette profession réglementée. L’Ordre des kinés « appelle les pouvoirs publics à agir fermement » notamment pour « diffuser des messages clairs auprès du grand public pour rappeler qu’un enfant en bonne santé n’a pas besoin d’être manipulé », et qu’ « un enfant malade doit être pris en charge par un professionnel de santé qualifié ».

Publications Similaires