Les résultats de l’étude annuelle de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Dress) sur les recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) sont à présent connus. La hausse initiée en 2022 - après deux années de recul pendant la pandémie - se poursuit en 2023. Au total, 243 623 IVG ont été réalisées en France en 2023, selon les sources médico-administratives, soit 8 600 de plus qu’en 2022. Quant au taux de recours à l’IVG, il atteint en 2023 16,8 IVG pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans, contre 16,2 pour 1000 femmes en 2022.
Les taux de recours augmentent parmi les femmes majeures
L’étude révèle qu’entre 2022 et 2023, les taux de recours augmentent chez toutes les classes d’âge chez les femmes majeures, avec une hausse plus marquée pour les 20-34 ans. C’est là que les IVG restent les plus fréquentes. En effet, le taux de recours s’élève à 28,2 pour 1000 femmes en 2023 parmi les jeunes femmes âgées de 20 à 24 ans (+1 point depuis 2022). Il atteint 29,9 pour 1000 femmes pour celles âgées de 25 à 29 ans (+1,2 points depuis 2022), et 25,8 pour 1000 femmes pour celles de 30 à 34 ans (+1,1 point depuis 2022).
De plus en plus d’IVG hors établissements de santé
L’étude montre également que 41 % des IVG ont été réalisées en dehors des établissements de santé en 2023. Une tendance qui progresse depuis 2020, et s’était accentuée déjà en 2022 avec 38 % des IVG réalisés en dehors des établissements de santé. Pour rappel, jusqu’en 2005, les IVG étaient toutes pratiquées dans des établissements de santé. Et ce n’est qu’en 2005 que les IVG médicamenteuses ont été autorisées en ville, puis en centre de santé et centre de santé sexuelle. La méthode médicamenteuse représente 79 % de l’ensemble des IVG : 48 % de ces IVG ont eu lieu en établissement de santé en 2023, 46 % en cabinet libéral et les 6 % restants en centre de santé ou centre de santé sexuelle.
Différents soignants concernés
Près de 3 200 professionnels de santé ont pratiqué au moins une IVG en cabinet de ville en 2023 :1 208 sage-femmes, 902 gynécologues médicaux ou gynécologues-obstétriciens, 1 007 médecins généralistes et 53 autres médecins ont réalisé des IVG en cabinet libéral. Entre 2020 et 2023, le nombre de professionnels de santé pratiquant l’IVG a augmenté, tous praticiens confondus.
Un manque d'information
Ces données s’expliquent d’abord par un retour à une situation plus habituelle après une baisse significative du recours à l’IVG conjoncturelle durant les deux années Covid (2020 et 2021). L’allongement du délai légal de recours à l’IVG, passé de 12 à 14 semaines de grossesse, concerne 2,5 % des IVG en établissements de santé mais ne suffit pas à expliquer cette hausse. Selon le Planning familial, cette augmentation s’explique aussi par le manque d’information et de prévention sur la contraception. « Cela fait dix ans qu’il n’y a pas eu de campagne nationale », expliquait la présidente du Planning familial, Sarah Durocher, sur France Info lors de la sortie du rapport de la Drees. Sur le terrain, les pharmaciens participent à la prévention des grossesses non désirées avec la délivrance sans ordonnance de la contraception d’urgence et la mise à disposition, gratuitement également pour les moins de 26 ans, de préservatifs.