Les chiffres publiés fin novembre par France Assos Santé sont éloquents. L’enquête menée par cette fédération, qui réunit près d’une centaine d’associations nationales militant pour les droits des patients et des usagers, fait état d’un reste à charge « invisible » annuel moyen de 1557 euros pour les « personnes malades, en situation de handicap ou de perte d’autonomie » ; de 1623 euros pour les « personnes en affection de longue durée (ALD) » ; des coûts qui peuvent même dépasser les 8200 euros pour 10% des patients qui déclarent le plus de frais liés à leur santé.
Des chiffres détaillés
Mais de quoi s’agit-il exactement ? France Assos Santé distingue, d’une part, le reste à charge « officiel », celui qui est calculé par les pouvoirs publics en utilisant un indicateur nommé « consommation de soins et de biens médicaux » ou CSBM, et qui regroupe les dépassements d’honoraires, les franchises, les participations forfaitaires, etc. Ce reste à charge identifié s’élève en moyenne à 274 euros par an et à 840 euros annuels pour les personnes en ALD, selon une étude de la Drees sur les dépenses de santé en 2023.
France Assos Santé distingue, d’autre part, le reste à charge invisible (RACI), à savoir les dépenses de produits et prestations intégralement non remboursés par l’Assurance maladie et qui ne sont pas prises en compte par le CSBM : certains frais de transport, d’équipements médicaux, d’accompagnement humain, les frais de confort et d’esthétique ou encore l’adaptation à l’environnement. Pour France Assos Santé, ces restes à charge ne sont pas identifiés et sont « de fait, invisibles, minimisant ainsi le montant réel du reste à charge des usagers du système de santé ».
Renoncement à des soins ou produits non remboursés
L’enquête, menée auprès de 3100 personnes du 12 septembre au 14 octobre 2024, remarque que les RACI concernent 88,6% des répondants et concernent en premier lieu les médecines complémentaires et de santé mentale (64,2%), le petit matériel médical (54,6%), l’alimentation et l’activité physique (53,1%) et les transports (48,8%). Le domaine qui affiche les montants les plus élevés sont liés à l’adaptation du cadre de vie. Quand aux répondants ayant les coûts cachés les plus importants, il s’agit de personnes en situation de handicap moteur (2535 euros par an) ou psychique (1999 euros par an) ou souffrant de douleurs chroniques (1972 euros).
« Ces frais ne sont pas sans conséquence », s’alarme France Assos Santé. Ils entraînent en effet un renoncement à des soins ou produits non remboursés, ou a minima un choix de références moins performantes ou adaptées, chez plus de la moitié des participants (53,2%). « Il est temps de regarder ces chiffres en face et de prendre la mesure de ce qu’ils induisent pour la qualité de vie des personnes malades. Plutôt que de pénaliser financièrement les patients, France Assos Santé demande aux pouvoirs publics de développer des politiques visant à faciliter l’accès pour tous au système de santé, promouvoir la prévention et améliorer la pertinence des soins. »