Le « Panorama des cancers en France 2024 » dresse un constat général important : l’incidence globale des cancers a augmenté de manière significative ces 20 dernières années pour atteindre une estimation de plus de 433 000 nouveaux cas en 2023.
Vieillissement de la population et mauvaises habitudes
Première cause de cette hausse globale dans le temps : l’évolution démographique. L’augmentation et le vieillissement de la population expliquent 78 % de l’évolution de l’incidence chez l’homme, et 57 % chez la femme. Mais la démographie n’explique pas tout ! Les habitudes délétères pour la santé, comme fumer, boire de l’alcool, manger trop d’aliments gras, salés, sucrés, transformés, et ne pas faire suffisamment d’activité physique, peuvent se cumuler et majorer les risques de cancers. C’est pourquoi parmi les deux grands leviers d’action pour lutter contre la maladie, on trouve en tout premier lieu la prévention primaire c’est-à-dire la lutte contre ces facteurs modifiables pour limiter les risques de survenue de cancer, et le dépistage, pour favoriser la détection précoce de la maladie.
Ces deux armes sont essentielles, et constituent les objectifs prioritaires de la stratégie décennale de lutte contre les cancers. En effet, si l’augmentation et le vieillissement de la population représentent un poids important dans l’augmentation des cas incidents, « chacun peut agir pour limiter l’impact lié au risque de cancer en améliorant ses habitudes de vie », souligne l’INCa. Selon l’Institut, adopter une alimentation plus saine, faire davantage de sport, arrêter le tabac et limiter l’alcool, permettrait d’éviter la moitié des cancers chaque année !
Quant aux dépistages, ils permettent, par leur action précoce, d’augmenter les chances de guérison et de diminuer les séquelles. L’INCa pointe d’ailleurs le fait qu’ « aujourd’hui, la participation aux dépistages organisés des cancers demeure insuffisante, à l’image du dépistage du cancer colorectal dont la participation, sur la période 2022/23, n’est que de 34,2 % ».
Des différences selon le sexe
Le Panorama 2024 dresse également un état des lieux précis des cancers les plus fréquents chez l’homme et chez la femme, et souligne les sources d’inquiétudes qui peuvent se faire jour face à une hausse importante de l’incidence de tel ou tel cancer. Les cancers les plus fréquents chez l’homme restent celui de la prostate, du poumon et du côlon-rectum. Chez la femme, c’est le cancer du sein qui arrive en tête en termes de nombre de cas, suivi du cancer colorectal et celui du poumon.
Les experts indiquent que « ces dernières estimations décrivent une situation plutôt encourageante pour les hommes, avec une diminution de l’incidence ou une stabilité pour ces localisations ». Ils sont plus inquiets pour les femmes car « deux cancers montrent une augmentation préoccupante du taux d’incidence chez la femme sur la période 20210-2023 : le cancer du poumon (+ 4,3 % par an) et celui du pancréas (+2 ,1 % par an) ». Parmi les causes pouvant expliquer cette particularité, le rapport de l’INCa pointe clairement la consommation de tabac débutée chez les femmes dans les années 70-80, qui est une des facteurs de risque reconnus. Or les cancers du poumon, du pancréas et du foie comptent parmi ceux qui s’avèrent les plus meurtriers, et avec un pronostic très défavorable. Ce dernier pouvant être lié à « une localisation difficile d’accès, une évolution rapide et agressive, une résistance aux thérapies ou un manque de solutions thérapeutiques spécifiques et bien-sûr un diagnostic tardif ».
Une nouvelle piste de dépistage
Pour améliorer le dépistage sur certains de ces cancers qui inquiètent, l’INCa évoque un nouveau dépistage envisagé par les autorités. Il s’agirait de faire passer systématiquement des scanners thoraciques réguliers aux personnes âgées de 50 à 74 ans qui sont fumeuses, ou anciennes fumeuses ayant arrêté depuis moins de 15 ans. Le projet est très sérieux, au point que l’INCa a déjà lancé, en juillet 2024, un appel à candidature pour la mise en place d’un programme pilote de ce dépistage.
Une piste très intéressante, et une affaire à suivre. Mais en attendant, pour prendre les devants et essayer d’adopter dès à présent les bons comportement si vous êtes fumeuse, n’attendez pas, justement ! Parlez de votre désir d’arrêter le tabac et de vos difficultés avec votre pharmacien ou votre médecin, qui peuvent vous aider à décrocher. Ou contactez Tabac Info Service qui vous mettra gratuitement en relation avec un tabacologue.