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Bronchiolite : les nouvelles recommandations pour protéger bébés et séniors

Bronchiolite : les nouvelles recommandations pour
La Haute Autorité de santé vient d’émettre deux nouvelles recommandations visant à protéger les nourrissons d’une part, et les personnes âgées d’autre part, du virus respiratoire syncitial, principal responsable des bronchiolites.

Très attendues par les professionnels de santé, les dernières recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) concernant le virus respiratoire syncitial (VRS) ont été publiées en juin et juillet dernier, en amont de la prochaine saison hivernale, synonyme de risque de bronchiolite.

Le premier document, daté du 13 juin dernier, se penche sur la protection des bébés contre le VRS. En effet, chaque année en France, entre novembre et la fin de l’hiver, environ 30% des nourrissons de moins de 2 ans sont touchés par la bronchiolite et 2 à 3% des moins d’un an nécessitent une hospitalisation pour une forme sévère. Or, il existe désormais un vaccin, appelé Abrysvo, indiqué notamment pour la protection passive contre le VRS chez les nourrissons de 0 à 6 mois par la vaccination de la mère pendant la grossesse. Cette solution s’ajoute à l'alternative Beyfortus (le nirsévimab) déployée pour la première fois l’hiver dernier dans quelques pays, dont la France, qui s’administre directement aux nouveau-nés et nourrissons et qui a remporté un large succès auprès des parents.

Abrysvo ou Beyfortus

Au terme de son évaluation, la HAS ne recommande pas l’un plus que l’autre, mais elle précise le moment d’utilisation d’Abrysvo chez la femme enceinte : entre 32 et 36 semaines d’aménorrhée, soit au cours du 8e mois de grossesse. Les deux alternatives, Abrysvo et Beyfortus, doivent donc être présentées aux futurs parents pendant la grossesse « afin de permettre une décision éclairée quant à la protection du nourrisson ».  En revanche, lorsque la vaccination par Abrysvo n’a pas pu être réalisée chez la femme enceinte ou lorsqu’elle risque de ne pas être efficace – par exemple lorsque le nouveau-né est prématuré, lorsque l’intervalle entre la vaccination et la naissance est de moins de 14 jours ou lorsque la future maman est immunodéprimée – la HAS préconise un rattrapage par l’immunisation directe du bébé avec Beyfortus.

A noter qu’une étude française sur des données en vie réelle confirme celles de l'agence Santé publique France sur l’efficacité de Beyfortus, estimée cette fois à 83% pour éviter les hospitalisations de nourrissons pour bronchiolite à VRS. L’ensemble des recommandations de la HAS est soutenue par les sociétés de pédiatrie qui préconisent, en supplément, une extension de la vaccination aux enfants à risque de bronchiolite de 1 à 2 ans. En effet, ces petits patients à risque sont traités par un autre anticorps monoclonal, le Synagis (palivizumab), dont l’efficacité serait moins élevée et moins longue que celle du Beyfortus.

Deux vaccins pour les séniors

Le second document diffusé le 4 juillet par la HAS concerne cette fois les seniors. Si les données relatives aux infections à VRS dans cette population sont moins détaillées, l’augmentation de la détection de ce virus ne fait aucun doute. De plus, la triple épidémie grippe-Covid-VRS de l’hiver 2022-2023 qui a succédé à deux années de pandémie a lourdement pesé sur le système de soins. La HAS souligne, en outre, que le VRS est responsable chez l’adulte d’infections respiratoires aiguës pouvant « entraîner des complications graves telles que l’exacerbation d’une maladie cardiopulmonaire sous-jacente, une pneumopathie nécessitant une assistance respiratoire » et pouvant aller jusqu’au décès.

Dans ce cadre, l’arrivée de deux vaccins contre le VRS autorisés par l’Agence européenne du médicament (EMA) chez les adultes de 60 ans et plus, nommés Abrysvo (vaccin bivalent recombinant sans adjuvant du laboratoire Pfizer) et Arexvy (vaccin monovalent recombinant avec adjuvant du laboratoire GSK), présente un réel intérêt. Après évaluation, la HAS recommande la vaccination des personnes âgées de 75 ans et plus, ainsi que des 65-74 ans atteints d’une pathologie respiratoire chronique ou cardiaque susceptibles de décompenser lors d’une infection à VRS. Elle vise en particulier les personnes présentant une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou une insuffisance cardiaque.

Réévaluation à venir

Les deux vaccins peuvent être utilisés indifféremment et administrés concomitamment aux vaccins inactivés de la grippe saisonnière. A ce stade des connaissances, la HAS ne se prononce pas sur la nécessité d’une nouvelle vaccination à chaque saison hivernale mais indique qu’une réévaluation sera nécessaire avec des données en vie réelle, et en tenant compte de l’arrivée probable d’un troisième vaccin dans cette même indication, en cours d’évaluation européenne : mResvia, vaccin à ARNm du laboratoire Moderna.

Arexvy est disponible en France depuis l’automne 2023 mais il n’est pas encore remboursé, ce qui devrait évoluer avec la parution des recommandations de la HAS. C’est en tout cas la promesse faite par l'ex-ministre de la Santé en mars dernier. Abrysvo, lui, n’est pas encore présent sur le sol français, les premières doses sont attendues à la rentrée de septembre.

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