Différentes équipes de chercheurs ont déjà démontré que ni la grossesse ni les traitements de Procréation Médicalement Assistée (PMA) ne sont associés à un risque accru de souffrir d’un cancer du sein ou d’une récidive de cette pathologie. Cela vaut également pour les patients et patientes qui sont porteurs ou porteuses d’une mutation des gènes BRCA : ces gènes particuliers sont connus pour prédisposer les patients et patientes qui les ont dans leur ADN à un plus fort risque de présenter un cancer du sein que la population moyenne.
En revanche, on ne disposait jusque-là que de très peu de données sur la sécurité de l’allaitement après un cancer. Le congrès de la Société européenne d'oncologie médicale (Esmo) 2024 a changé la donne en présentant deux études concluant qu’il n’y a pas de raison de renoncer à allaiter par crainte pour sa sécurité oncologique.
Traitement hormonal suspendu sans risque
La première concerne les cancers hormonosensibles. L’étude Positive avait déjà montré que des femmes atteintes d’un cancer du sein précoce à récepteurs hormonaux positifs et ayant suivi un traitement hormonal pendant au moins 18 mois pouvait interrompre en toute sécurité celui-ci jusqu’à 2 ans pour procréer, sans augmentation du risque de récidive cancérologique à court terme. Les conclusions de l’analyse secondaire de cette étude internationale prospective ayant évalué l’incidence de l’allaitement sur la maladie sont également rassurantes : « Près des deux-tiers des femmes ayant accouché ont allaité, dont plus de 50 % pendant 4 mois. Aucun impact sur les événements liés au cancer du sein n’a été observé, bien qu’un suivi plus long soit justifié. Ces résultats sont essentiels pour les femmes qui souhaitent poursuivre une grossesse et allaiter après un cancer du sein. »
Même en cas de cancer BRCA+
La seconde étude concerne des femmes avec mutation BRCA. Elle montre que 23 % des patientes (affectées d’un cancer invasif de stade I-III sans mastectomie des deux côtés) ayant accouché et qui ont allaité pendant une durée médiane de 5 mois n’ont pas relevé d’effet sur la récidive de ce cancer ou la survenue d’un autre type de cancer primaire durant les 7 années qu’a duré l’observation. Cette étude « fournit les premières preuves de la sécurité de l'allaitement après un cancer du sein chez les jeunes femmes porteuses d'une mutation des gènes BRCA », a déclaré la professeure Eva Blondeaux, oncologue à Gênes (Italie). Sa consœur Maria Alice Franzoi de Gustave Roussy (AP-HP) a ajouté, lors de l’analyse des résultats en session : « Ces deux études nous fournissent plus de données qui vont nous permettre de guider nos discussions sur l'allaitement après un cancer du sein et prendre une décision partagée. »