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Améliorer la prise en charge du TDAH

Améliorer la prise en charge du TDAH
La Haute autorité de santé (HAS) a établi dans un document rendu public les bonnes pratiques permettant de diagnostiquer, ou non, le trouble de l’attention avec hyperactivité.

Dans ses dernières recommandations publiées fin septembre, la Haute autorité de santé fait le point de façon précise sur les critères permettant aux professionnels de santé habilités d’établir un diagnostic de trouble de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Ce rappel des bonnes pratiques scientifiques coupe court aux querelles mettant en cause l’existence de ce trouble.


Un trouble à présent reconnu

Le TDAH est un trouble du neurodéveloppement qui se manifeste par des symptômes d’inattention et de distractibilité, accompagnés ou non d’hyperactivité et d’impulsivité, qui varient d’une personne à une autre, durent dans le temps, et entrainent un retentissement la vie des personnes touchées. Il concernerait 5% des enfants et des adolescents dans le monde. « Diagnostiquer et accompagner le plus tôt possible ces enfants est essentiel », rappelle la HAS, « afin d’éviter une aggravation des conséquences psychologiques, sociales et scolaires » du trouble. Toutefois le diagnostic reste complexe, en particulier à cause des troubles souvent associés. A cela s’ajoute « le manque de professionnels formés au TDAH », ce qui entraine un retard d’accès aux soins, un retard de diagnostic, et un retard de prise en charge ou une prise en charge inadaptée.


Le diagnostic mieux encadré

Dans son document d’une soixantaine de pages, la HAS met l’accent sur le diagnostic, qui ne peut être posé que par les seuls pédiatres, psychiatres et neurologues pour enfants. Il repose sur un entretien général avec l’enfant et ses parents, puis un examen clinique. Il passe également par un recueil d’informations auprès de l’entourage de l’enfant. Ce diagnostic doit reposer sur au moins une consultation en présentiel.
La HAS rappelle notamment que le diagnostic étant clinique, il n’existe pas d’examen complémentaire ou de biomarqueur pouvant permettre de confirmer ou d’infirmer le diagnostic de TDAH. Cependant, des examens, notamment biologiques, peuvent être demandés par le médecin pour pouvoir réaliser un diagnostic différentiel c'est à dire écarter des pathologies qui pourraient également expliquer certaines observations réalisées sur le comportement du patient.

Il n’est pas non plus nécessaire, pour poser le diagnostic, de réaliser un bilan neuropsychologique. En revanche il peut se révéler utile par la suite pour établir un plan de soins. Les tests des fonctions attentionnelles et exécutives (tels que TEA-CH, NEPSY-2, TAP ou d2-R) peuvent être utiles pour évaluer l’impact du trouble chez l’enfant ou l’adolescent. Toutefois, la HAS signale qu’« un test avec des résultats dans les zones de normalité n’élimine pas le diagnostic de TDAH ». Des bilans paramédicaux peuvent être demandés (orthophonie, ergothérapie, psychomotricité. Cependant « le diagnostic peut se faire sans attendre la réalisation de ces bilans », souligne la HAS.


TCC et médicament à l'efficacité prouvée

La HAS évoque également dans ses recommandations la mise en place du traitement médicamenteux à base de méthylphénidate. Elle relève qu’en première intention doit être proposée la psychoéducation. Elle est destinée à aider l’enfant et ses parents à bien comprendre le trouble et son impact, ainsi que les conseils pour la mise en place d’aménagements spécifiques, notamment à l’école. C’est seulement en complément, « si besoin et selon la gravité du trouble » qu’un traitement médicamenteux peut être prescrit.
 S’agissant des autres possibilités thérapeutiques, souvent évoquées par les parents, la presse ou le grand public, la HAS recommande uniquement les thérapies qui ont démontré leur efficacité. Il s’agit des thérapies comportementales cognitives et émotionnelles (TCC ou TCCE), individuelles ou en groupe, qui permettent une prise en charge efficace lorsque les symptômes anxieux, dépressifs, ou les difficultés à gérer ses émotions ont un impact au quotidien pour le patient.


D’autres thérapies sans pertinence

La HAS écarte en revanche formellement les approches dites neurofeedback, entraînement cognitif, pleine conscience ou encore psychanalyse : elles n’ont pas apporté de niveau de preuve suffisant pour être proposées comme traitement du TDAH. Il en va de même pour la kinésiologie, l’ostéopathie et l’acupuncture, et pour les régimes alimentaires spécifiques, ou les supplémentations, qui n’ont pas démontré leur efficacité en tant que traitement du TDAH. La HAS alerte par ailleurs sur l’importance d’informer les familles des risques possibles en termes de perte de temps, d’argent, voire de possibles effets négatifs sur la santé, lorsqu’elles choisissent d’avoir recours à ces thérapies alternatives.

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