Une large étude menée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), l'Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) et plusieurs universités française s’est intéressée aux prescriptions de médicaments à l’intention des enfants, notamment des moins de 6 ans. Elle a évalué leur évolution entre deux périodes (2010-2011 et 2018-2019) en comparant la fréquence des prescriptions de différentes classes de médicaments pédiatriques. Pourquoi s’en préoccuper particulièrement ? Parce que les enfants, et notamment les plus petits, « sont particulièrement vulnérables aux effets indésirables à court et à long terme des médicaments en raison de leur immaturité », selon l’organisme de recherche.
Des espoirs déçus
L’étude portant sur la période 2010-2011 avait montré des résultats préoccupants : la France avait alors la fréquence de prescription la plus élevée au monde. Depuis, « de nouvelles recommandations ont été émises sur le bon usage de certains médicaments et des politiques de déremboursement ont été mises en place » explique l’Inserm. Ces modifications avaient laissé espérer un changement des pratiques médicales. Malheureusement, il semble que la diminution attendue des prescriptions ne soit pas au rendez-vous. « […] Nous nous attendions à une évolution importante pour certaines classes thérapeutiques compte tenu des régulations mises en place ou des recommandations émises depuis 2011 », explique le Dr Marion Taine, co-auteure de l’étude. « Une diminution de 12 % de la fréquence de prescriptions d’antibiotiques sur les dix dernières années a été relevée […], mais cela reste insuffisant car plus d’un enfant de moins de 6 ans sur deux a reçu une prescription d’antibiotiques dans l’année ».
Analgésiques et antibiotiques en tête
En effet, d’après les données de l’étude menée sur la période 2018-2019, les prescriptions de médicaments (hors hospitalisation) aux enfants sont toujours très importantes, notamment pour les antibiotiques (40 % des mineurs en ont reçu). Parmi les familles de médicaments les plus prescrites figurent également les analgésiques (64 % des enfants en ont pris), les corticoïdes par voie nasale (33 %), les anti-inflammatoires non stéroïdiens (24 %), les antihistaminiques (25 %) et les corticoïdes par voie orale (21%). « Ces résultats préoccupants nécessitent des analyses détaillées pour mieux cibler les futures campagnes de formation pour optimiser l’usage des médicaments en pédiatrie », conclut le Dr Marion Taine. « Une meilleure information de la population et des prescripteurs vis-à-vis de l’usage des médicaments chez l’enfant est indispensable. »