Les masques chirurgicaux et FFP2 sont constitués de polypropylène, un polymère s'apparentant à du plastique.
Selon Étienne Grau, enseignant-chercheur au laboratoire de chimie des polymères organiques (LCPO) de l'Université de Bordeaux, affirmer que les masques jetables mettraient 450 ans à se dégrader totalement est une hypothèse très pessimiste.
En effet, cette durée estimée de dégradation est le résultat d'expériences réalisées en laboratoires qui ne peuvent parfaitement prendre en compte l'ensemble des conditions réelles. Or, deux phénomènes négligés dans ces expériences autorisent un plus grand optimisme : l'érosion et la présence possible dans le sol de micro-organismes capables d'assimiler les composants du masque.
En effet, en condition réelles, "on sait qu'un matériau plastique s'érode avec la lessivation de la pluie, la lumière et le temps, puis génère des microplastiques, toute cette pollution dont on entend tant parler", explique le normalien.
En combien de temps ?
"L'épaisseur d'un masque chirurgical est de 100 micromètres et le polypropylène s'érode de 0,2 à 10 micromètres par an. Donc grosso modo, il faut 10 ans pour que le masque soit invisible." Mais attention, "il s'est décomposé à l'échelle macroscopique, celle de l'objet, mais persiste à l'échelle microscopique, celle des microplastiques".
Selon lui, il faudra vingt années supplémentaires pour que le sol les digère, soit une dégradation qui durerait 30 ans au total.
Pour autant, "l'idée n'est pas d'attendre que la nature absorbe les masques" indique le chercheur qui insiste sur l'importance de les jeter à la poubelle avec civisme.
La voie du recyclage en est, elle, à ses balbutiements : plusieurs initiatives ont été lancées en France, dont celle d'une start-up, Plaxtil, qui les réutilise pour fabrique des visières ou des attaches pour masques.
