Les Français ont bu moins d’alcool en 2023. Une baisse des usages « durable et continue (…) dans la continuité d’un changement des rapports générationnels à l’alcool », a commenté l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) à l’occasion de la publication fin novembre de son bilan pour l’année 2023. « Ces modifications traduisent le passage amorcé dans les années 2000 d’un mode de consommation dit “ méditerranéen “ (usages quotidiens, essentiellement de vin lors des repas et dans des quantités n’excédant pas quelques verres) à un mode dit “nordique“ (usages moins fréquents mais quantités plus importantes et dans des contextes festifs) », indique l’Observatoire.
L’alcoolisation importante plus fréquente chez les jeunes
Chez les adultes de 18 à 75 ans, la tendance à la baisse est observée quelle que soit la fréquence de la consommation. Ainsi, 82,5% de Français déclarent avoir bu de l’alcool au moins une fois dans l’années en 2023 versus 85% en 2021. S’agissant de la consommation hebdomadaire, elle passe de 39% en 2021, à 37% en 2023. La proportion de Français qui consomment de l’alcool de façon quotidienne passe de 8 à 7%, et l’alcoolisation ponctuelle importante dans le mois (6 verres standards ou plus pris en une seule occasion) passe de 16,5% à 14,9%.
Quel que soit le niveau d’usage, ponctuel ou régulier, la consommation reste systématiquement plus élevée chez les hommes. L’enquête montre également que les usages hebdomadaires et quotidiens restent plus élevés au fur et à mesure de l’avancée en âge (16,6% des 65-75 ans boivent tous les jours contre 2,3% des 18-24 ans), et que les alcoolisations ponctuelles importantes sont plus répandues chez les plus jeunes (1,9% chez les 65-75 ans contre 24% des 18-24 ans) bien qu’en baisse (36% des jeunes en 2022 versus 44% en 2017). Si l’on se focalise sur les 18-24 ans, quasiment la moitié d’entre eux boivent plus de deux verres standards par jour, alors que c’est le cas de moins d’un adulte sur cinq. L’usage de l’alcool chez les adolescents de 17 ans recule lui aussi (19,4% n’ont jamais consommé une goutte en 2022, contre 14,3% en 2017), ainsi que chez les collégiens et les lycéens.
Plus de dépendance
Selon l’OFDT, la baisse de la consommation d’alcool à domicile s’explique notamment par la forte inflation qui a affecté le prix des boissons. L’enquête rapporte ainsi un volume d’alcool pur mis en vente par habitant qui s’est élevé à 10,35 litres par habitant en 2023, en baisse de près de 4% par rapport à l’année précédente, avec un recul des ventes de vin, qui représentent encore la moitié des ventes totales. La consommation de bières poursuit son augmentation depuis 2018 et représente désormais un quart de l’alcool consommé.
Malgré ce recul de la consommation, paradoxalement, les séjours hospitalisations en lien avec l’alcool ont augmenté de 4 % en un an. Sur l’ensemble de ces séjours, ceux pour dépendance et sevrage représentent près d’un quart. « Des proportions similaires aux années précédentes, même si l’on constate globalement (…) une augmentation du nombre de séjours en lien avec une alcoolodépendance », signale l’OFDT. Dernier point positif à relever dans le rapport : les décès attribuables à l’alcool étaient en baisse de 7,5% en 2023.