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Accoucher masquée : polémique en maternité

Illustration - Accoucher masquée : polémique en ma

Par famveldman

Le masque est très souvent imposé aux femmes au moment de l’accouchement. Pourtant, le Collège national des gynécologues a pris position : son port est dit souhaitable mais pas imposé.

Accueillir son bébé, lui sourire pour la première fois… sous son masque. Drôle - ou pas drôle - de vie pour les nouvelles mamans en ces temps de pandémie ! En salle de naissance, en présence de l’équipe médicale, Covid oblige, tout le monde est masqué. Mais garder le masque même au moment de l’effort expulsif - situation imposée dans de nombreuses maternités et défendue par une partie des membres du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) - est vécu par de nombreuses femmes comme une violence obstétricale. Les témoignages se multiplient sur les réseaux sociaux, mais aussi auprès des professionnels de santé qui rencontrent les jeunes mamans après leurs accouchements.

Le Professeur Philippe Deruelle a dû taper du poing sur la table

Le Professeur Philippe Deruelle, secrétaire général obstétrique du CNGOF qui est en train de passer le flambeau à ce poste à Cyril Huissoud (maternité de la Croix-Rousse à Lyon), est même sorti de ses gonds début octobre. Le patron des deux maternités du CHU de Strasbourg (Hautepierre et le CMCO) était en fait très agacé par « le dogmatisme » de certains membres du collège qui estimaient que tout assouplissement concernant le masque au moment de l’expulsion faisait courir un risque vital aux soignants.

Sa position était pourtant loin d’être extrémiste : la femme, non symptomatique bien sûr, pouvait ôter son masque au moment de l’expulsion, dès lors que le personnel était équipé de masques FFP2, c’est-à-dire les plus protecteurs. Finalement, le Pr Deruelle a fini par négocier un compromis au sein du CNGOF : le port du masque est souhaitable pendant l’expulsion, mais pas imposé.

« On n’écoute pas assez les femmes »

« Le problème, encore une fois, c’est que l’on n’a pas assez écouté les femmes. Parce que si l’une d’entre elles est incapable de pousser à cause de son masque, on aboutira forcément à une césarienne ou une ventouse », argumente l’obstétricien. Qui précise que « les études montrent que le taux de femmes Covid + chez les parturientes asymptomatiques est quand même faible, disons 5 % en étant très large, et que l’on peut considérer que le FFP2 protège les soignants à 95 % ».

Tester toutes les parturientes pour rassurer tout le monde ?

Pourquoi ne pas tester toutes les femmes accueillies en maternité, histoire de détendre l’atmosphère en salle de naissance ? L’arrivée des tests antigéniques rapides changera peut-être la donne, mais jusqu’ici on ne testait pas les femmes asymptomatiques se présentant pour accoucher. « Et s’il faut 24 h pour avoir le résultat du PCR, cela ne sert à rien car la femme aura déjà accouché ». En attendant, dans ses maternités, Philippe Deruelle a sondé ses sages-femmes : « Environ 80 % d’entre elles autorisent les femmes à enlever le masque pour expulser », note celui qui pense qu’il faudrait surtout s’assurer que toutes les maternités soient bien équipées en FFP2 pour garantir la protection des soignants et des sages-femmes.

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